
Airelle Besson
Trompettiste, compositrice et arrangeuse, Airelle Besson a partagé la scène avec Michel Portal, Youn Sun Nah, Rhoda Scott, Charlie Haden et Carla Bley, Daniel Humair, Gregory Porter, Baptiste Trotignon, Henri Texier, Camélia Jordana… Récompensée des prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz (Meilleur musicien·ne français·e de l’année 2014) et Révélation des Victoires du Jazz 2015, nommée Artiste instrumentale de l’année aux Victoires du Jazz 2021, elle apparaît sur une soixantaine d’albums et compte à ce jour plus d’une centaine de compositions.
Née le 23 mars 1978 à Paris, Airelle Besson se passionne dès l’âge de quatre ans pour la trompette, et attend d’avoir sept ans pour commencer à en jouer. À l’adolescence, accompagnée par son père, elle choisit l’école à la maison pour placer au centre de son cursus l’étude de la musique. En plus de la trompette, elle apprend le violon, et suit une double formation, classique et jazz. Après être passée par différents conservatoires, elle entre à l’Université Paris-Sorbonne en musicologie, puis intègre le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dont elle sort avec le premier prix de jazz.
« Je vois les sons de la trompette comme quelque chose de très malléable, de très flexible, presque comme des textures que je peux étirer, contrôler, faire bouger dans tous les sens. Je n’aime pas quand c’est brut, agressif, trop fort. Je vois une texture ronde, une pâte avec laquelle je peux m’amuser, comme un sculpteur avec du bois. J’ai l’impression de pouvoir tout faire avec la trompette ; je ne me mets pas de limites. En revanche, ça demande un travail quotidien très contraignant, et une certaine hygiène de vie. La trompette convoque le souffle évidemment, il y a ce rapport direct et ce contact direct avec les lèvres, la langue. L’instrument n’est peut-être pas une extension de la voix, mais une extension de ce qu’il y a à l’intérieur, de ce que je voudrais sortir. Comme un haut-parleur. »
Le tournant définitif vers le jazz se fait à l’occasion d’un stage au festival de Cluny, Jazz Campus en Clunisois, auprès du trompettiste Jean-François Canape. « Je continue à faire avec les bases techniques du classique, mais le répertoire savant est assez réduit pour la trompette, alors qu’en jazz, il y a de telles possibilités d’interprétation et d’improvisation… C’était une ouverture du champ des possibles, une forme de liberté. »
Pour celle qui ne « pourrait pas jouer en solo », la musique passe nécessairement par des collaborations. « Je n’entends et ne vois la musique que dans l’échange avec les autres. C’est un dialogue. On s’écoute mutuellement. Donc, pour moi, ça commence au duo » — un format qu’elle affectionne particulièrement. En 2014, elle transforme sa collaboration amicale de longue date avec le guitariste Nelson Veras en duo acoustique et poétique avec l’album « Prélude » (Naïve Records). Le disque obtient beaucoup de succès, et les deux artistes sillonnent les scènes internationales pendant plusieurs années.
« Prélude » comprend notamment le morceau Neige, qu’elle joue à chacun de ses concerts, et devenu depuis un véritable tube. « On me demande la partition presque une fois par jour ! » Utilisé dans des bandes originales de films, des émissions de radio, il a été écouté plus de 3 millions de fois sur Spotify.
Par la suite, elle se produit en duo avec le violoncelliste Vincent Ségal, et depuis quelques années c’est avec l’accordéoniste Lionel Suarez qu’elle continue ses dialogues musicaux. « J’adore la dimension acoustique chambriste, épurée, intime, du duo. On a de la place, on fait ce qu’on veut, on va où on veut. C’est très léger, très souple. Ça donne une très grande liberté. »
En 2014, Airelle Besson crée son propre quartet avec Isabel Sörling (voix), Benjamin Moussay (claviers) et Fabrice Moreau (batterie). Leurs deux albums, « Radio One » (2016) et « TRY! » (2021), sont très bien accueillis tant par la presse que par le public. On y retrouve l’appétence de la trompettiste pour l’interconnexion des voix. « Chaque musicien est là pour servir le collectif. C’est évidemment 4 personnes, mais qui écoutent à 1000% ce qui se passe à côté. On interagit par rapport à ce qui se passe, on laisse de la place aux autres. On a tous en tête de faire un, de garder un esprit collectif. Comme l’a dit Fabrice Moreau dans une interview, on respire ensemble. »
Les voix sont également au cœur du projet : celles de la chanteuse et de la trompette, dont les timbres s’entremêlent et se confondent, et celles de la radio. « J’ai été biberonnée à la radio depuis mon plus jeune âge. Radio One est une référence aux matchs de foot entendus à la radio. Les voix sont très importantes pour moi. Chacune est unique, et change selon nos émotions et notre état. Le titre The Sound of Your Voice sur l’album « TRY! » est un hommage à cette métamorphose perpétuelle. Et puis, comme j’ai l’oreille absolue, chaque voix est pour moi une musique. Le tout début du morceau TRY! m’a été inspiré par une annonce en chinois dans un aéroport à Shanghai, je ne comprenais rien évidemment mais j’ai entendu les notes, et ça m’a donné une mélodie. »
Le quartet, aujourd’hui rejoint par la chanteuse belge Lynn Cassiers en remplacement d’Isabel Sörling, continue à se produire en France et à l’international, dix ans après sa création.
Parallèlement à tout cela, Airelle Besson se consacre de plus en plus à la composition et à l’arrangement pour des orchestres de formats différents : arrangements de l’album « Love Letters » du groupe anglais Metronomy en 2014 ; composition de la pièce originale Divertimento, pour l’émission Création Mondiale sur France Musique en 2022 ; arrangement d’un morceau de King Crimson pour le programme Frame by Frame de l’Orchestre National de Jazz en 2022 ; composition de la musique du spectacle Le Château des Carpathes à la Comédie de Colmar en 2025…
Et, après une formation en direction d’orchestre, elle dirige ponctuellement des orchestres dans divers contextes.
Airelle Besson a été nommée au grade de chevalière de l’ordre des Arts et des Lettres en 2022.