Melba Liston

Née en 1926 à Kansas City, Melba Liston adopte le trombone à l’âge de 7 ans, la « plus belle chose qu’elle ait jamais vue ». Encouragée par sa famille, elle est déjà capable, un an plus tard, de jouer un solo. 
À 10 ans, elle déménage à Los Angeles, et rencontre Eric Dolphy et Dexter Gordon, qui lui dédiera plus tard un morceau de son cru, The Mischievous Lady (« la dame espiègle »). Le surnom restera, bien qu’il semble qu’elle ait été une personne plutôt timide et effacée. 

Sa carrière commence véritablement dans les années 1940. Étant l’une des premières femmes trombonistes à jouer dans des big bands, elle intègre d’abord l’orchestre de Gerald Wilson, puis celui de Dizzy Gillespie (où officie également John Coltrane), puis celui de Count Basie, avant de retrouver Wilson pour une tournée avec Billie Holiday.
Si sa sensibilité artistique est très liée au bebop, elle a est active dans toutes sortes de styles. Dans les années 1950, elle enregistre avec Art Blakey and the Jazz Messengers, accompagne Billy Eckstine, joue avec Quincy Jones… 

En 1958, elle publie un disque sous son nom, « Melba Liston and Her Bones », le seul de toute sa carrière, resté peu connu notamment parce que le label, Metro Jazz Leader, a fait faillite. 

Très bonne instrumentiste, Melba Liston excelle surtout comme compositrice et arrangeuse. « Elle pouvait écrire sous la table sans effort pour la plupart des gars, et je parle de certains des plus grands », rapporte le compositeur Hale Smith. Au fil de sa carrière, elle écrit et/ou arrange des musiques pour Mary Lou Williams, Quincy Jones, Count Basie, Duke Ellington, Billie Holiday, Milt Jackson, Aretha Franklin, Ray Charles, Gloria Lynne, Marvin Gaye, The Supremes… 
Pourtant, la plupart du temps, sa contribution est passée sous silence, et elle doit se contenter d’être une ghost writer, une « écrivaine fantôme ». 

Célibataire et indépendante, ce qui était rare à l’époque pour une femme, elle est victime d’invisibilisation et de discrimination toute sa vie. Ses collègues ne sont « pas méchants », mais ils ne lui laissent pas sa juste place sur le marché du travail. En tournée, elle est assignée à un rôle de femme : elle recoud les boutons, coupe les cheveux… et se fait régulièrement agresser sexuellement par les autres membres de l’orchestre. 
Le quotidien est si dur qu’elle arrête plus d’une fois la musique pour se consacrer à l’enseignement, et même, pendant un temps, au cinéma. Mais, chaque fois, une opportunité la fait revenir à sa passion première. 

Au milieu des années 1950, elle rencontre celui qui deviendra son collaborateur privilégié, le pianiste Randy Weston. Formant un duo compositeur/arrangeuse comparable à celui de Duke Ellington et Billy Strayhorn, ils créent ensemble une dizaine d’albums sur plus de 40 ans, dont les célèbres « Uhuri Afrika » (1960) et « Highlife » (1963). 

Dans les années 1970, elle passe six ans en Jamaïque à enseigner. À son retour aux États-Unis, elle forme le groupe féminin Melba Liston and Company, qui se produit au Kansas City Women’s Jazz Festival. 

Durant les deux dernières décennies de sa vie, elle continue ses activités de compositrice et d’arrangeuse, en particulier avec Randy Weston, mais sa santé déclinante l’empêche de jouer du trombone. Melba Liston disparaît en 1999.