Carla Bley

1936-2023

Pianiste, cheffe d’orchestre et compositrice américaine

Une compositrice prolifique

Carla Bley est précoce dans tous les domaines. À 4 ans, elle écrit ses premières compositions ; à 5, son premier opéra. Toute sa vie, elle mène de front plusieurs projets, et compose sans arrêt. En tout, elle a écrit plus de 300 compositions, et 37 œuvres ont été enregistrées sous son nom.
Extrêmement originale, éclectique et anti-académique, sa musique fait d’elle une artiste inclassable. Elle pioche dans toutes les cultures musicales, et arpente énormément de registres différents. Ses influences sont, en proportion variable selon les albums, Kurt Weill, Nino Rota, les Beatles, Thelonious Monk, Erik Satie, Ornette Coleman…

Le piano, son instrument

Elle apprend le piano en autodidacte pendant son enfance et s’impose au fil de son parcours comme une instrumentiste singulière. En partie sous l’impulsion de Steve Swallow, son troisième mari, Carla Bley s’affirme davantage comme pianiste à la fin de sa carrière qu’au début. Leurs duos et trios avec Andy Sheppard comptent parmi les plus belles pièces de sa foisonnante discographie.
Étrangère à toute forme de virtuosité, elle possède un style heurté mais attaché au mélodisme, associant rigueur et humour malicieux.

Une grande cheffe d’orchestre

Carla Bley dirige pour la première fois son propre orchestre au milieu des années 1960. Au Jazz Composer’s Guild Orchestra, co-dirigé avec le trompettiste Michael Mantler, son second mari, succédent The Jazz Composer’s Orchestra, The Carla Bley Band, The Very Big Band, The Carla Bley Big Band, The Very Big Carla Bley Band… D’une dizaine de musiciens au début, ils passeront à une vingtaine dans les années 1990.

Escalator Over the Hill

Escalator Over the Hill est l’œuvre culte de Carla Bley. Fondatrice de son style, c’est un Ovni musical en forme d’opéra, et la pièce la plus longue jamais écrite à l’époque dans le jazz. EOTH navigue entre free jazz, country, rock, expérimentations électroniques et musique indienne. Elle raconte l’histoire d’un hôtel au Pakistan, à Rawalpindi, fréquenté par toute sorte de personnages, avec pour fil d’Ariane « la réincarnation et le questionnement de l’éternel retour », et rassemble 53 musiciens venus du jazz et du rock, des textes de Paul Haines, poète surréaliste nomade, les voix de Jack Bruce et de Linda Ronstadt, entre autres… Trois ans de travail et un triple album salué par la critique en 1971.

Le journaliste Jonathan Cott’s du magazine américain Rolling Stone écrira à propos de l’album : « Escalator Over the Hill synthétise et s’appuie sur une large palette de genres musicaux, rendus cohérents par le sens de la forme et de l’unité de Carla Bley. Cet opéra est une rencontre musicale internationale de premier ordre. »

Une musique pleine d’humour

Parfois vachard, l’humour est très présent dans l’écriture de Carla Bley (The Piano LessonMurderThe Internationale), et elle apprécie les parodies et les pastiches (Reactionary TangoCopyright Royalties). Une forme d’esprit que l’on retrouve également au travers de ses pochettes d’albums (Looking for America, 4×4), de son look, reconnaissable entre tous, et de sa façon de se mettre en scène.


Un peu de lecture

Ludovic Florin (dir.), Carla Bley L’inattendu-e, Naïve livres, coll. « Jazz Land », 2013