
Leïla Martial grandit dans une famille de musiciens classiques en Ariège, et entre dès l’âge de 10 ans au collège de Marciac, où elle s’initie à l’improvisation. Créés à la rentrée de septembre 1993, les ateliers d’initiation à la musique de jazz (AIMJ) du collège s’inscrivent dans le prolongement du célèbre festival Jazz in Marciac. Cette expérience pédagogique unique enseigne aux élèves comment trouver sa personnalité, la développer et l’exprimer à travers le jazz.
Aujourd’hui marraine de l’internat d’excellence du collège « Les Charmes de Gascogne », Leïla Martial a accompagné les élèves sur plusieurs projets, notamment entre 2022 et 2024 à l’occasion des 30 ans des AIMJ.

L’improvisation est au cœur de son geste artistique. Pour celle qui se définit volontiers comme une « vocaliste multi-timbrée », il s’agit dès le départ de déborder du domaine de la chanteuse. L’intention, la rythmique, la force de l’expression sont au cœur de son approche de la voix. Dans un geste ludique, Leïla Martial invente des langues imaginaires, « entre scat et yaourt ».

Ethnologue dans l’âme, Leïla Martial découvre sur le tard le lien qui sous-tend ses 3 passions (musiques tziganes, polyphonies pygmées et chant de gorge inuit) : elles sont toutes issues de peuples nomades. Elle y voit une émanation de sa vie, et surtout le fait que le nomadisme produit des chants particuliers. « C’est comme si cette façon de vivre, le nomadisme, me concernait. Comme ton patrimoine est mobile, le son devient presque une maison. La musique se confond avec un art de vivre du quotidien. »
Elle part au Congo à la rencontre de l’Ensemble Ndima pour ÄKÄ – Free Voices of Forest, un projet au long cours qui réunit 3 vocalistes français·e·s et 5 vocalistes-percussionnistes de culture Aka (autochtone ou « pygmée »).
Un spectacle est créé en 2021, l’album paraît en 2024, et un documentaire suivra prochainement.

Leïla Martial fouille partout, y compris dans les mini bars, pour récupérer toutes sortes de mignonnettes. Depuis plusieurs années, ces petites bouteilles l’accompagnent dans son travail de vocaliste et deviennent un instrument qu’elle utilise pour s’accompagner au chant, à la manière des pygmées Aka et de leurs flûtes.

Pour elle, chanter, c’est toujours aussi jouer, ce qui la conduit naturellement à expérimenter d’autres formes scéniques comme le théâtre, le mime, la danse et le clown, en particulier au sein de son duo Furia avec la comédienne et danseuse Marlène Rostaing. « J’ai fait du clown pendant 10 ans, ça a été une révélation. J’ai eu l’impression de rentrer à la maison ! Le clown est transgressif. C’est un endroit où il n’y a plus de genre, plus de politiquement correct. Ça ne ressemble à rien d’autre. C’est un état d’hyper-vérité et de présence, c’est soi en augmenté. C’est la liberté absolue. »