
Melba Liston
Tromboniste et compositrice américaine

Melba Liston est née à Kansas City, où elle a grandi jusqu’à l’âge de 10 ans avant de déménager en Californie. Connue comme l’un des berceaux du jazz le plus populaire, cette ville du Missouri a notamment vu naître le courant du Kansas City Jazz, qui marque la transition du style big band, plutôt structuré, au style beaucoup plus improvisé du bebop. Ses représentants sont, entre autres, Count Basie, Andy Kirk, Bennie Morton ou, à une certaine époque, Mary Lou Williams.
Après six années passées en Jamaïque à enseigner, Melba Liston retourne dans sa ville natale en 1979. Avec son groupe Melba Liston and Company, elle se produit au Kansas City Women’s Jazz Festival, premier festival de jazz consacré aux jazzwomen, fondé un an plus tôt par les journalistes et musiciennes Carol Comer et Dianne Gregg.

Melba Liston est l’une des premières femmes trombonistes à jouer dans des big bands. Durant les années 1940, elle intègre l’orchestre de Gerald Wilson, puis celui de Dizzy Gillespie où officie également John Coltrane. Elle passe ensuite dans celui de Count Basie, avant de retrouver Wilson pour une tournée avec Billie Holiday.

Bonne instrumentiste, elle excelle surtout comme compositrice et arrangeuse. « Elle pouvait écrire sous la table sans effort pour la plupart des gars, et je parle de certains des plus grands », rapporte le compositeur Hale Smith. Au fil de sa carrière, elle écrit et/ou arrange des musiques pour Mary Lou Williams, Quincy Jones, Count Basie, Duke Ellington, Billie Holiday, Milt Jackson, Aretha Franklin, Ray Charles, Gloria Lynne, Marvin Gaye, The Supremes…

Malgré son grand talent pour la composition et l’arrangement, sa contribution est la plupart du temps passée sous silence, et elle doit se contenter d’être une ghost writer, une « écrivaine fantôme ». Beaucoup de ses arrangements sont attribués à des chefs d’orchestres qui en avaient fait leur « petite main ». Elle a écrit quelques arrangements pour l’album de Quincy Jones « Birth of a Band », comme la somptueuse ballade interprétée par Phil Woods The Gypsy. Melba Liston sera victime d’invisibilisation toute sa vie.

Au milieu des années 1950, elle rencontre celui qui deviendra son collaborateur au long cours, le pianiste Randy Weston. Formant un duo compositeur/arrangeuse comparable à celui de Duke Ellington et Billy Strayhorn, ils créent ensemble une dizaine d’albums sur plus de 40 ans, dont les célèbres « Uhuri Afrika » (1960) et « Highlife » (1963).


Un peu de lecture
Katheryn Russell-Brown, Frank Morrison, Melba Liston and her Big Trombone
