
Sarah Murcia est une contrebassiste hors pair, remarquable par sa capacité à jouer des musiques rythmiquement complexes (en témoignent ses collaborations avec Magic Malik, Steve Coleman, Sylvain Cathala), ainsi que par sa polyvalence. Elle semble exceller dans tous les genres, du jazz à la chanson en passant par… le punk.
Bercée au rock dans son enfance, elle s’est attelée avec son groupe Caroline à la reprise de l’album « Never Mind the Bollocks » des Sex Pistols (2015), groupe anglais mythique à l’origine du mouvement punk, qui déferlera sur l’Europe à la fin des années 1970.

Tel un « jukebox ambulant », Sarah Murcia s’est spécialisée dans l’art de la reprise. « La reprise fait appel à l’inconscient collectif. C’est un hommage, et ça crée un lien avec le public, puisqu’on a un patrimoine commun. »
Beau Catcheur, le duo qu’elle forme depuis 2000 avec Fred Poulet, la conduit à reprendre les Stooges (« Pas d’amusement », 2019) ainsi qu’une multitude de tubes, de Dur dur d’être un bébé à One More Time, en passant par My Heart Belongs to Daddy. Elle imagine onze versions différentes de My Favorite Things pour Arte (2018), se laisse Transformé(e) par Lou Reed avec la performeuse et chorégraphe Fanny de Chaillé (2021). Enfin, elle crée un projet sur Beck avec Caroline + Benoît Delbecq et le chanteur Dylan James (2023).

En tant que contrebassiste, Sarah Murcia accompagne le groupe de rock Elysian Fields et de nombreux chanteurs (Jacques Higelin, Piers Faccini, Rodolphe Burger…). Ayant beaucoup d’admiration pour le rock, la chanson, les auteur·rice·s, les formats courts, la voix prend progressivement de plus en plus de place dans ses projets.
« La chanson, c’est complètement magique. Ça conjugue à la fois mon amour pour la littérature et une forme d’immédiateté. En très peu de temps, on peut dire quelque chose de fort et d’accrocheur. »
Pour les textes de ses propres créations, elle collabore régulièrement avec l’auteur-compositeur américain Vic Moan.

Sarah Murcia a un rapport prégnant à la littérature. Passionnée par les Lettres, elle aurait pu en faire l’étude mais s’est dirigée vers la musique. Cette passion pour la littérature se retrouve dans ses créations, notamment dans le spectacle avec le danseur et chorégraphe Mark Tompkins My Mother is a Fish (2020), adapté du roman Tandis que j’agonise de William Faulkner.

Depuis leur rencontre en 1998, Sarah Murcia et la poétesse et oudiste palestinienne Kamilya Jubran n’ont jamais cessé de travailler ensemble. À travers ce duo, elles imaginent et explorent des territoires idiomatiques partagés où fonder au présent un authentique dialogue interculturel. Aux confins de la tradition classique arabe, du domaine contemporain et de la musique improvisée, ces deux artistes façonnent un univers bien à elles.