Sister Rosetta Tharpe

1915-1973

Chanteuse, guitariste et compositrice américaine

 

Une enfance à l’église

À l’âge de 6 ans, Rosetta Tharpe joue déjà de la guitare et chante comme personne, charmant tout le monde partout où elle passe. Sa mère, Katie Bell Nubin, ancienne cueilleuse de coton, est une évangéliste convaincue qui l’emmène chanter avec elle dans les églises. En 1921, Katie Bell déménage à Chicago et devient missionnaire pour la Church Of God In Christ (COGIC). C’est le début d’une période de tournées mère-fille dans les églises et les conventions religieuses du pays, qui dure toute l’adolescence de Rosetta. Amenée à jouer devant des milliers de personnes, elle devient une célébrité au sein de la COGIC, connue pour le style débridé de ses chants religieux.

Du gospel aux night-clubs

Installée à New York, elle est engagée en 1938 au mythique Cotton Club à Harlem – véritable creuset du jazz moderne – où elle fait sensation dans la revue du chanteur et chef d’orchestre Cab Calloway, puis au concert « Spirituals to Swing » de John Hammond au Carnegie Hall. Sister Rosetta Tharpe se produit ensuite sur d’autres scènes avec les orchestres de Lucky Millinder, Count Basie, Duke Ellington…
Elle est souvent la seule artiste de gospel associée à ces concerts, ouvrant ainsi les scènes profanes à ce genre musical. Dans le documentaire que la BBC qui lui est consacré, son ami Ira Tucker Jr. témoigne : « Elle a découvert qu’elle aimait Dieu et les night-clubs ».

Succès phonographiques

Le 31 octobre 1938, à l’âge de 23 ans, elle signe et enregistre sous son nom avec Decca Records, l’une des maisons de disques les plus célèbres de l’histoire de la musique. Les premières chansons enregistrées, Rock Me, That’s All, My Man and I et The Lonesome Road sont des tubes, faisant de Sister Rosetta Tharpe l’une des premières artistes gospel à connaître un succès commercial. En tout, elle publie quatre albums chez Decca Records : « The Lonesome Road » (1941), « Gospel Hymns » (1944), « Gospel Songs » (1947) et « Blessed Assurance » (1951).
Sa discographie complète rassemble une quinzaine d’albums sortis sur différents labels.

Un mariage sur scène

Le 3 juillet 1951, elle épouse Russell Morrison, qui deviendra son manager, devant 20 000 spectateurs au Griffith Stadium de Washington, D.C. Bien qu’il s’agisse d’un mariage de façade, pensé comme un coup médiatique pour relancer sa carrière, les noces très publiques de Sister Rosetta Tharpe sont devenues l’un des premiers événements du rock tenu dans un stade. Même si leur mariage n’est pas des plus heureux, Russell Morrison restera aux côtés de son épouse jusqu’à la fin de sa vie.

“The Godmother of Rock’n’Roll”

Novatrice du gospel et du blues, Sister Rosetta Tharpe a joué un rôle déterminant dans la création du rock’n’roll. Sa chanson Strange Things Happening Every Day, qu’elle enregistre fin 1944, est considéré comme le premier disque du genre. La « Marraine du rock’n’roll », comme on la surnomme, aura une influence immense sur Little Richards, qu’elle fut la première à faire monter sur scène en 1947, mais aussi sur Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Elvis Presley et Johnny Cash.

En 2018, la première guitar hero du rock est intronisée au Rock and Roll Hall of Fame.


Un peu de lecture

Jean Buzelin, Sister Rosetta Tharpe, la femme qui inventa le rock’n’roll
Éditions Ampelos, 2021

Soul Bag Magazine, Sister Rosetta Tharpe, briseuse de barrières, N°251