Sun-Mi Hong

Née en 1990

Batteuse et compositrice coréenne

 

Une jeunesse à l’église

Sun-Mi Hong découvre la batterie par hasard, à 12 ans, dans l’église protestante où elle chante toutes les semaines avec sa mère. C’est un coup de foudre. La jeune fille « tombe amoureuse du son de la batterie, de cette énorme vibration ». À partir de ce jour-là, en jouer devient une obsession et un refuge. À l’église, elle se cache dans un coin pour observer le batteur — « je ne connaissais même pas le nom de l’instrument ! »

La batterie à tout prix

Lorsque Sun-Mi Hong demande à ses parents d’y être initiée, ils refusent, « jugeant que ce n’était pas un instrument féminin. » Face à cet obstacle, elle devient « de plus en plus mordue. Je prenais tout ce que je trouvais dans la cuisine pour me fabriquer mon propre set — des casseroles, des baguettes ». Au bout de cinq ans, voyant que son engouement ne faiblissait pas, ses parents finissent par la laisser prendre des leçons avec un professeur particulier.
À l’issue d’un entraînement intense dans un studio que son père lui a construit, elle intègre le conservatoire.

Amsterdam, sa ville d’adoption

Souhaitant apprendre le jazz, elle postule au conservatoire d’Amsterdam, à l’autre bout du monde. Le jour de l’audition, elle ne parle ni anglais ni néerlandais, et c’est une amie qui doit lui traduire le verdict : elle est prise. À 20 ans, elle commence alors une nouvelle vie pour laquelle elle doit tout apprendre : la langue, les mœurs et, bien sûr, la musique.
Elle ne quittera plus la capitale hollandaise.

Lauréate du prix Edison pour « A Self-Strewn Portrait » et de la Dutch Jazz Competition 2018, elle se produit avec son quintet dans différents clubs et festivals en vue des Pays-Bas, dont le North Sea Jazz Festival.

La musique comme un dialogue

Qu’elle se produise au sein de son Sun-Mi Hong Quintet ou en trio avec le trompettiste Alistair Payne et le saxophoniste Nicolō Ricci, il s’agit toujours pour elle de « parler » en musique. « Pour moi, la musique est un dialogue. C’est comme une conversation, on se parle en musique. On s’écoute et on se répond, en fonction de règles préétablies selon les groupes. » Seul son duo avec Payne revisite la règle, puisque, « avec lui, on ne fait qu’improviser ».

Portrait d’une émancipation

Grandir en Corée du Sud a été difficile pour la jeune Sun-Mi Hong, décidée à suivre une voie musicale mais subissant des restrictions, peu d’encouragements et des pressions pour emprunter un chemin plus sûr et plus traditionnel. Mais sa persévérance a payé, faisant d’elle aujourd’hui l’un des talents les plus prometteurs de la scène jazz européenne.
Elle retrace les différentes « pages » de son parcours dans les albums de son quintet, dont le dernier, « Third Page: Resonance », est sorti en 2022 sur le prestigieux label anglais Edition Records.